La fascination que les arts martiaux exercent sur les jeunes n’est pas seulement l’effet superficiel des prouesses cinématographiques de leurs idoles.Elle est aussi la manifestation d’un besoin plus profond : ils recherchent en effet un lieu d’identification et d’appartenance, et celui qu’offre le dojo a l’avantage d’être axé sur l’apprentissage physique. Il ne faut pas oublier que nos enfants passent des heures par jour assis à une table de travail, écoutant plus ou moins passivement les leçons qui leur sont données sans qu’ils y participent réellement. Leur énergie naturelle n’y trouve pas son compte. D’où, parfois, certains débordements à l’extérieur de la classe ou du milieu scolaire. Ils ont d’autant plus besoin d’activités physiques qu’ils fournissent d’efforts intellectuels. Mais les activités physiques ordinaires ne leur offrent pas nécessairement un terreau d’épanouissement.
C’est ce que les arts martiaux peuvent leur offrir : d’une part, le plaisir et la possibilité de se dépenser physiquement, qui leur permettent de canaliser l’énergie accumulée, de l’orienter positivement, mais aussi, d’autre part, l’apprentissage des valeurs qui leur permettront de grandir harmonieusement et de développer leur estime d’eux-mêmes, qui leur permettra, entre autres, de résister à l’intimidation.
Notre objectif est de donner à chaque jeune la possibilité de grandir en fonction de ses propres possibilités : il ne s’agit pas de lui donner un but qui dépende d’une norme, mais un but qui soit le sien parce que c’est cela dont il est capable et qu’il peut atteindre. Puis nous l’accompagnons et le soutenons à travers les difficultés qui jalonnent le chemin qui mène à ce but : il apprend ainsi que les obstacles sont des défis à surmonter et que ce qu’on aime le plus peut parfois être difficile. Il découvre aussi, en triomphant de ses difficultés, le vrai goût de la victoire et le sens de la fierté.
Le monde qui attend nos jeunes ne sera pas toujours facile. Ils auront besoin d’avoir appris à garder le cap malgré les obstacles, les difficultés et le découragement. Et, lorsqu’on l’a appris à un jeune âge, on est mieux outillé et moins enclin à abandonner au premier tournant.
Le système hiérarchique des ceintures, qui déclenche le désir et l’ambition des jeunes, est fondé sur les progrès et efforts personnels de chacun et non sur la compétition. C’est ainsi que les enfants peuvent vraiment être récompensés pour leurs efforts. Les enfants sont souvent étiquetés et coincés dans des diagnostics quand ils ont tout simplement des modes d’apprentissage différents. La ceinture est la mesure du chemin parcouru par chacun en fonction de son point de départ, et ce point de départ n’est pas le même d’un enfant à l’autre. Elle s’obtient donc effectivement au mérite personnel en dehors de toute comparaison.